La très bouleversante confession de l'homme qui a abattu le plus grand fils de pute que la terre ait porté @Monfort Théâtre, le 14 Janvier 2020


© Collectif NightShot
Le titre à rallonge de la pièce donne le ton. Percutante et vive La très bouleversante confession de l'homme qui a abattu le plus grand fils de pute que la terre ait porté s'inspire du roman éponyme d'Emmanuel Adely paru en 2013 aux éditions Inculte. Le Collectif NightShot s'en est emparé pour offrir un spectacle total. Ce langage cru, ils l'ont conservé pour notre plus grand bonheur. Ils sont sept comédiens à dynamiter le plateau de la Cabane du Monfort. En plus, ce soir-là, le vent soufflait plutôt fort. Le rythme est endiablé et efficace.

Dès l'arrivée progressive des spectateurs, celui qui a été hissé au rang de héros national n'est pas identifiable mais bien présent sur le plateau. Il livre son histoire. Il est interrompu dans ce récit par les autres comédiens qui comme des journalistes télévisés nous font un portrait robot du héros avec tout l'emballement qu'un tel événement peut susciter. "Il est américain" sera l'élément le plus important. Sous-entendu, il est de chez nous, de notre grand pays ; les Etats-Unis d'Amérique ! A leur manière, ils participent à la création du mythe. Cette première partie est déjà un régal ; les caricatures sont très réussies, à peine exagérées et le rythme est soutenu. 

S'en suit l'Action avec un grand A. Celle qui a déchaîné les passions : l'assaut. C'est dans cette partie que la vulgarité atteint des sommets sans être mal employée, elle est justifiée. Les Navy Seals préparent leur intervention. Ils sont répartis dans un dispositif scénique plus resserré. La guerre, un truc de bonhommes avec un lot de défis puériles pour se détendre. Et là débarque, comme tout droit sorti d'un Call Of Duty, le guerrier des temps modernes. L'ambiance est plus tendue, les spectateurs sont plongés dans l'obscurité de la résidence d'Abbottabad. Seul le laser de son arme officie comme source de lumière. Sa voix comme guide. On retient son souffle lorsqu'il a sa cible en vue. On se dit qu'il va tirer et forcément, on sursautera. Et ça n'arrivera pas. Une simple interjection. Soulagement secret. Voilà que le soldat qui a fait son devoir doit plonger dans l'anonymat. La troisième et dernière partie raconte sa vie d'après. Il pouvait s'attendre à une reconnaissance, à un moment de gloire, il n'en est rien. Le voilà amené à vivre une vie normale, ordinaire comme s'il n'avait rien fait d'exceptionnel.

Le Collectif NightShot a su en très peu de temps marqué trois grands moments, joué avec le bon dosage des émotions multiples et servi un spectacle avec un excellent sens du rythme. Le dispositif scénique révèle également une bonne gestion de l'espace et du jeu de lumières. De la salle de conférence à l'appartement du guerrier en passant par la résidence et l'arrière de l'hélico, rien ne se passe à vue, les décors apparaissent. 

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