Dans la solitude des champs de coton @Plateaux Sauvages, le 03 Septembre 2020

 

© Christophe Raynaud de Lage


On prend les mêmes (Roland Auzet à la mise en scène, La Muse en circuit à la création sonore et le duo féminin Anne Alvaro / Audrey Bonnet) et on recommence quatre ans plus tard pour le plus grand bonheur des koltésiens. Cette fois, on change de décor. Après les Bouffes du Nord où les fantômes Chéreau / Koltès ont tenu compagnie aux spectateurs, c'est dans des cadres "insolites" que la troupe nous invite. Parvis de l'Institut du Monde Arabe, esplanade de la Bibliothèque François Mitterrand, stade, rives de la Seine et maintenant rue des Plâtrières dans le 20ème arrondissement de Paris aux abords des Plateaux Sauvages. 

La rue, le meilleur endroit pour représenter l'étrangeté du lieu, pour faire vivre la rencontre du dealer et du vendeur. Au milieu des spectateurs, tantôt au plus près d'eux, assises sur le trottoir, courant dans la rue, les deux protagonistes sont partout mais surtout avec nous et au plus près de nous, pour une raison simple : leurs répliques s'écoutent au casque. La confrontation est d'autant plus forte : les émotions presque sauvages d'Audrey Bonnet côtoient les paroles plus douces, plus posées d'Anne Alvaro

Et le charme opère à nouveau. La langue koltésienne poétique, intense et vertigineuse résonne encore dans l'âme. Pouvoir marcher dans leurs pas, c'est se sentir comme partie intégrante du spectacle sans pour autant donner la réplique. Les sons de La Muse en circuit habitent la rue, rajoutent un nouveau degré dans "l'étrangeté". Sans toujours savoir où sont les comédiennes, on les cherche du regard ou parfois on ferme les yeux et se laisse porter par les paroles, on se laisse parfois tenter de susurrer la fameuse réplique "Deux hommes qui se croisent n'ont pas d'autre choix que de se frapper, avec la violence de l'ennemi ou la douceur de la fraternité."

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