Acceso - Résistance d'un enfant des rues chiliennes @Maison des Métallos, le 06 Novembre 2018


© Sergio Armstrong
Il déboule dans la salle comme on entrerait dans un métro légèrement bondé. Si une partie des spectateurs sont installés dans les gradins en légère surélévation, l'autre se concentre sur deux rangées de chaises réparties côté cour et côté jardin. 

Très vite, Sandokan débite son discours de commerçant itinérant et sort toute une série de pacotilles de sa besace : trio de peignes, livres parmi lesquels la constitution chilienne de 1844 et la Bible, gadget lumineux pour faire fuir les mauvais esprits de la chambre des enfants, rouleau anti bouloche électrique, semelles en mousse... Un moyen pour lui de survivre ou encore simplement d'exister.

Sandokan c'est avant tout un adulte qui n'a pas eu accès à une enfance ordinaire, qui n'a pas eu d'enfance tout court.
Des "m'sieurs", comme il les appelle, qui n'ont rien de sain lui ont arraché l'insouciance et le peu d'innocence qu'il pouvait avoir. Commence alors le basculement dans le sordide. Sans détour, Sandokan décrit les abus sexuels dont il a été victime, comment il a entraîné sa sœur malgré lui, sa détresse, la violence des puissants, les effets de la cocaïne...
Au plus près des spectateurs, il balance crûment les faits et gestes des adultes qui l'ont tantôt gâté tantôt sali, souillé.

Roberto Farias installe une atmosphère dérangeante par sa gestuelle, par ses expressions, son regard ne tombe jamais. Ses récits sont racontés avec une certaine exaltation qui déroute les spectateurs. Quand le mal aise est palpable, soudainement, il reprend les démonstrations enthousiastes de ses marchandises improbables.

Un monologue saisissant et puissant.

  

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