L'Ecole des femmes @Théâtre de l'Odéon, le 09 Novembre 2018


Qui aurait pu penser un jour que le texte L'Ecole des femmes allait commencer dans une salle de sport façon Club Med ? 
© Elizabeth Carecchio
Stéphane Braunschweig l'a pensé et le fait. Si ce n'est qu'une scène introductive, elle donne le ton de cette adaptation survoltée. Arnolphe, l'homme mûr si sûr de lui se muscle, s'entretient face à la concurrence masculine qu'il craint fortement. Fidèle à la plume de Molière, il confie ses craintes et ses hantises en alexandrins à son jeune ami Chrysalde. Les deux compères pédalent sur les vélos d'appartement et échangent leurs points de vue. 

© Elizabeth Carecchio




Très vite ce décor inattendu change pour faire découvrir aux spectateurs un autre beaucoup plus sombre : une ménagerie de verre teinté dans laquelle (sur)vit la douce Agnès. Cette dernière se retrouve comme un petit animal que l'on regarderait au travers de la vitre, que l'on prendrait avec prudence. Cette cage de verre renforce la personnalité possessive et dominatrice d'Arnolphe qui finira par perdre ses moyens lorsqu'il apprendra que le jeune Horace s'est épris de sa protégée. La principale intéressée confesse que le sentiment est réciproque. La perversion est alors enclenchée ; Arnolphe devient instable, rongé par l'angoisse. 

Cette instabilité est ici formidablement interprétée par Claude Duparfait. Le comédien alternera entre les facettes d'un homme prédateur et le torturé. Cette personnalité double se retrouve à plusieurs reprises : tantôt paternaliste, tantôt malsaine. Il fait face à une Agnès redoutable et sauvage campée par Suzanne Aubert. Si L'Ecole des femmes est un texte comique, l'ambiance posée par Braunschweig est grinçante. La scène de lectures des maximes du mariage fait partie de celles qui prêtent à sourire. Les dents commencent à grincer lorsqu'Arnolphe dévoile sa folie, contrôlé par son unique désir, la main dans le slip, pantalon aux chevilles il est déterminé à faire entendre ses sentiments à Agnès. 


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