© Christophe Raynaud de Lage |
Tambour, rythme le combat de V. !
Sébastien Davis choisit Ludivine Sagnier pour donner corps aux mots du roman autobiographique de l'écrivaine Vanessa Springora qui avait fait sensation en 2020. Pour rythmer ses maux, elle sera accompagnée du musicien Pierre Belleville.
C'est vêtue d'un jogging gris et d'un débardeur à la couleur saumon que Ludivine Sagnier accueille le public. En fond sonore, comme des pensées bourdonnantes, les questionnements de Springora envahissent les oreilles des spectateurs. Dans un décor fait d'un lit, une toison translucide et d'une table à laquelle viendra s'asseoir la comédienne, Ludivine Sagnier traverse tous les âges de la protagoniste.
Tout y est distillé comme dans le récit originel. Toutes ses jeunes années jusqu'au moment de la rencontre avec celui qui fera l'objet de sa souffrance de jeune adulte et celles marquées par la toxicité de la relation s'installant, où sa fragilité est mise à rude épreuve.
Dans des moments chorégraphiés, Ludivine Sagnier court, donne l'impression de se battre comme dans un combat de boxe où l'adversaire est invisible. L'actrice porte les mots le plus justement possible. Derrière la toison de fond de plateau, elle exprime la douleur profonde de V., c'est ici qu'elle y trouve la possibilité d'être plus transparente, qu'elle parvient à mettre les mots sur la souffrance.
Les mots claquent, l'aveuglement de son entourage - que Ludivine Sagnier porte également au plateau - est foudroyant. Le spectacle percute dans une sobriété qui fait mouche. Exception sur une scène délicate dans laquelle la comédienne se livre à son prédateur dans une forme de rituel. Si le public imagine parfaitement l'action, la "sacralisation" illustrée peut embarrasser. Un spectacle qui rappelle la nécessité du témoignage pour construire et faire grandir le monde.
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