Racine carrée du verbe être @Théâtre national de la Colline, le 13 Novembre 2022

© Simon Gosselin

L'homme n'est-il pas une équation mathématique complexe aux innombrables inconnus ? Avec Racine carrée du verbe être, le dramaturge Wajdi Mouawad donne une piste fleuve qui pourrait s'apparenter à un théorème qui rappelle celui de Pythagore mais qui imbrique le calcul des probabilités. La racine - avant d'être carrée - ici c'est l'histoire personnelle de l'auteur qui tient en trois mots : Liban, guerre et exil. Pas moins de six heures de spectacle pour cinq chemins de vie ; chauffeur de taxi parisien, condamné à mort qui attend son exécution, plasticien homosexuel, neurochirurgien égoïste père de famille amateur de jeunes prostituées ou encore vendeur de jeans dont la boutique a subi l'explosion du 4 août 2020, Mouawad s'imagine des destinées variées avec chacune une trajectoire bien marquée. 

Le spectacle devient un gigantesque puzzle où les pièces s'imbriquent pendant une durée fictive d'une semaine. Chaque scène est parfaitement mesurée tant dans le temps que dans le propos animé par un fil rouge : l'horreur qui peut faire naître la beauté. L'interdépendance entre le bien et le mal. Non loin de là, la quête éternelle du  - pas nécessairement divin - pardon. 

Si la première partie peut être difficile à appréhender, la deuxième et la troisième tiennent en haleine notamment de par leurs rythmes mais pour le fond du propos plus ancré dans les thématiques fortes et on ne peut plus actuelles - en passant par quelques clins d'œil très personnels -. Philosophie et mathématiques deviennent très amis - après tout, bon nombre de philosophes sont passés par la science dure avant de basculer dans la science humaine dite molle... -. 

Matheux ou pas, il faut voir ce spectacle. S'il est possible de voir la fresque en plusieurs fois, on recommandera l'intégrale pour ne pas perdre le fil de cette fabuleuse aventure humaine. La démonstration mathématique fonctionne à merveille, aucune inégalité dans le jeu des comédiens : c'est mission accomplie pour le directeur de la Colline ! Textuellement, on salue le remarquable monologue de Wyo habité par Jérémie Galiana

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