Je crois que dehors c'est le printemps @Monfort Théâtre, le 20 Novembre 2019


Et si le public devenait un personnage à part entière ? C'est le curieux dispositif qu'ont choisi Gaia Saitta et Barberio Corsetti ; accueillir les spectateurs comme des invités, en sélectionner six et les faire intervenir sur le plateau. Ce dernier est tout en sobriété ; 6 chaises éparpillées de part et d'autre, un bureau mobile sur roulettes et une caméra.

Gaia Saitta se positionne au centre du plateau. Irina revient sur l'inexplicable comportement de son ex mari, Matthias, aujourd'hui disparu. Elle rassemble les pièces d'un puzzle, d'une énigme. Ca commence par des questions notées sur des post-its, objets qui l'ont tourmentée voire traumatisée pendant plusieurs années puis progressivement ce sont ses questions à ses invités pour tenter de comprendre sa douloureuse histoire.

En janvier 2011, l'ex mari d'Irina Lucidi enlève leurs jumelles, laisse une lettre annonçant la mort des petites. Avant de se donner la mort en se jetant sous un train sans laisser aucune trace des enfants. Aujourd'hui encore, les deux fillettes n'ont jamais été retrouvées. Ce n'est pas de la fiction, c'est un réel fait divers. Tragique. Irina Lucidi a choisi de se confier, en 2016, à la journaliste Concita De Gregorio qui a recueilli ses confessions dans un roman qu'elle intitulera "Je crois que dehors c'est le printemps" - en version originale "Mi sa che fuori è primavera" -. C'est ce dernier qui inspirera la pièce.

Pour adapter ce spectacle Gaita Saitta et Barberio Corsetti ont choisi à juste titre de ne pas se restreindre à une seule approche du sujet. Il fallait donc le raconter et aller au-delà, questionner les protagonistes. Ce sont ces derniers que camperont les heureux élus "spectacteurs". Emus, certains peuvent aller jusqu'à donner la réplique à la comédienne. Ceux qui semblaient indifférents presque vidés d'empathie dans le récit d'Irina deviennent des êtres touchés, compatissants mis en lumière. La grand-mère, l'amie, la psy, le juge, le gendarme, le journaliste, le nouvel amour... Ils sont tous là.

Gaia Saitta incarne comme si l'histoire devenait la sienne, porte sur ses épaules le poids de la tragédie d'Irina Lucidi - à qui elle dédie chacune des représentations -, la douleur se lit dans ses yeux larmoyants à certains moments. La détermination et le courage de la femme la muscle. Je crois que dehors c'est le printemps est un spectacle poignant et qui invite à redécouvrir le rapport spectacle-spectateurs.





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