« Le remède à l'ennui, c'est la curiosité. La curiosité elle, est sans remède. » Ellen Parr
Baudelaire, le diable et moi - Claire Barré
Il y a presque un an, Claire Barré sortait son premier roman
Ceci est mon sexe, on y découvrait une
héroïne appelée Trixie-Rose Jones, la divinité aux orgasmes miraculeux.
Cette année Claire Barré revient avec un tout nouveau roman; Baudelaire, le diable et moi. Cette fois-ci on suivra Clara, jeune femme dépressive, grande amatrice de poésie mais inadaptée au monde moderne. Elle est atteinte de la maladie du siècle aurait-on dit en d'autres temps.
Baudelaire, le diable et moi est un roman plutôt curieux. On remonte le temps grâce au diable identifié comme étant Sébastien Melmoth (Oscar Wilde). Imaginez que celui-ci vous propose un voyage dans le temps aux côtés de vos auteurs préférés...
Ne vous êtes-vous jamais posé la question de savoir ce que vous auriez dit ou ce que vous auriez fait avec ceux que vous n'avez pas pu connaître ? Clara ne s'est pas tellement posée la question, elle voulait Baudelaire. Elle se retrouve donc propulsée au XIXème siècle, à la rencontre du grand Charles qu'elle admire tant. Tellement admirative qu'elle s'offre à lui. "L'enfer est pavé de bonnes intentions."
La jeune Clara découvre une époque dans laquelle elle se sentira plus à son aise, entourée de tous ceux qui lui ont forgé une culture littéraire et le lecteur se sent comme tiré par la main.
Ce voyage au cœur du XIXème siècle ne représente qu'une partie du roman.
La dernière partie questionne un aspect très intéressant; si les auteurs du XIXème siècle se retrouvaient parmi nous, que feraient-ils ? Quel avis auraient-ils sur la littérature aujourd'hui ? Quel rapport entretiendraient-ils avec les ordinateurs et par extension Internet ? Claire Barré a essayé d'imaginer les réactions de Baudelaire, fasciné par la modernité et à la fois exaspéré. L'auteure décortique intelligemment l'évolution littéraire de notre époque.
Si jadis les auteurs ont choqué, ils ont à tout jamais marqué l'Histoire de la littérature, mais qu'en est-il aujourd'hui ? Le processus de création est renversé, les codes ont changé... Claire Barré porte un regard critique et ce dernier est pour le moins pertinent.
Mêlant bribes de poésie et écriture romanesque, Claire Barré peut de nouveau être sûre de séduire un lectorat.
L'Errance moderne @Théâtre des Béliers Parisiens, le 10 Mai 2015
Seul en
scène, Alexandre Texier se fait
porte-parole d’une jeunesse en quête de son avenir.
Sur les
planches du Théâtre des Béliers Parisiens,
il joue Alex, un jeune de 24 ans, sans diplôme, sans prétention si ce n’est
celle de devenir comédien. Son père menace de le mettre dehors s’il n’apprend
pas vite à être autonome à son âge. Les alternatives d’aujourd’hui étant plutôt
réduite, il ne lui reste plus qu’à frapper aux portes des agences intérim pour
trouver un emploi.
D’entrée
de jeu, le nom de l’agence n’est pas fictif ; Manpower. L’acteur campe le rôle d’une secrétaire digne du cliché
absolu. L’interprétation est incroyable, Texier
ne laisse aucun détail au hasard et se donne plus qu’à fond.
S’en suit
les rencontres du jeune homme. Lors d’une expérience dans l’agro-alimentaire,
plus exactement au sein d’une usine où le personnel est soumis à une future
délocalisation il a pour supérieur un homme « plutôt particulier »,
qui a fait ça toute sa vie donc pas du tout prêt à subir ce qui les attend.
Licencié pour avoir enfermé ce dernier dans la chambre froide, il se retrouve
au poste d’observateur d’oiseaux qui ne durera pas non plus, caissier puis à
peine embauché comme gardien de réserve, cette dernière ferme. En somme, les
joies de l’intérim « C’est tout le temps différent » aura confié son agent
dans un rire. Les trois éléments scéniques suffisent à structurer la
scénographie, épurée mais remplie par les multiples personnages réunis en un
seul homme.
Tous ces
personnages sont pris comme des témoins de la difficulté sociale dans laquelle
la société est plongée depuis quelques années. Désespérés et désespérants, Alexandre Texier montre un talent non
négligeable pour passer d’un rôle à un autre. Mimiques, voix, tout y passe !
Le comédien déploie une énergie phénoménale pour jouer chacun des
protagonistes. Une des scènes est très physique ; on assiste à un grand
moment hilarant rappelant une certaine scène du célèbre Les Temps modernes de Charlie
Chaplin.
On rit car
le ton est plutôt humoristique. Sous des allures plutôt légères, le texte - écrit
par Alexandre Texier et son frère Charles - cache un fond relativement féroce
qui fait son effet à la dernière rencontre. La discussion avec un clochard quelque
peu grognon sera décisive pour Alex.
Ce solo
social show touchant présenté au Festival d’Avignon et plusieurs fois dans des
salles parisiennes ne saura que conquérir le public lors de ses prochains
passages au Festival !
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