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Le seigneur des porcheries @MC93, le 08 Mai 2025

A roman fleuve, spectacle fleuve ! Le roman de Tristan Elgof se voit adapté pour une durée de 5 heures par la compagnie En Eaux troubles dans une mise en scène de Paul Balagué.

© Achile Bird

En résulte un spectacle total où se dessine une véritable fresque insurrectionnelle en résonnance très forte avec l'époque que nous traversons. Le décor n'est pas excessif mais profondément symbolique : des sacs poubelle, une bâche noire sur tout le sol de l'espace scénique et plus tard, c'est une forêt de tissus qui se dessine sous nos yeux qui prend son origine des cintres. L'imaginaire de la crasse et de l'odeur nauséabonde fonctionne à plein régime. 

Dans une première partie qui revient sur les origines de son protagoniste, la violence n'est jamais très loin. Verbale ou physique, elle existe. John Kaltenbrunner n'est pas un héros ordinaire ou du moins, l'ordinaire fait de lui un héros. Sombre sort que le sien. Si ce n'est pas lui qui raconte son histoire mais bien ses camarades de lutte, le récit est haletant, rythmé par des répliques aussi brutes que poétiques. 

L'ensemble des comédiens sont engagés dans des jeux énergiques voire carrément plus enragés dans la seconde partie. Ils occupent autant l'espace scénique que celui réservé aux spectateurs. A aucun moment vous ne vous sentirez sales. Peut-être simplement plus forts, plus confiants d'une certaine manière. Le propre du spectacle vivant c'est bien sa caractéristique première ; il est vivant.  

Elizabeth Costello @Théâtre national de la Colline, le 14 Février 2025

Le metteur en scène polonais Krzysztof Warlikowski n'a pas fini de proposer des spectacles ambitieux. Présenté à la Cour d'honneur au dernier Festival d'Avignon, le voilà repris au théâtre national de la Colline à Paris. 

 

©Magda Hueckel

Quatre heures, c'est le temps sur lequel il a déployé une véritable fresque biographique d'Elizabeth Costello, un personnage de fiction fascinant créée de toutes pièces par l'auteur sud-africain John Maxwell Coetzee. Trois interprètes pour une femme de caractère bien trempé. En témoigneront les différentes conférences universitaires qu'elle anime. Entre provocations et réflexions profondément existentielles, l'écrivaine n'a pas sa langue dans sa poche dès lors qu'elle va jusqu'à comparer l'abattage des animaux pour la consommation humaine à l'Holocauste. 

Le spectacle fait des va-et-vient entre les époques et les différents niveaux de fiction au point de vouloir faire exister la protagoniste dans les têtes, brouillant quelque peu l'esprit du spectateur. Si la scénographie est toujours aussi monumentale et dynamique et les comédiens d'une grande justesse, offrant des images fortes, nous ne comprenons pas toujours le propos. S'il ne faut pas chercher à savoir qui était Elizabeth Costello, il serait intéressant de savoir ce qu'elle pense et ce qu'elle exprime car elle est experte dans l'art de se dérober dès lors que lui est posé une question. Ce n'est pas parce que cet avis est nuancé qu'il faut s'arrêter de suivre l'oeuvre de Warlikowski. Les moments d'égarement réservent de futures belles surprises.

Lieux Communs @Théâtre Public de Montreuil, le 24 Septembre 2024

Avant de poser ses bagages à Montreuil, Lieux Communs de Baptiste Amman est passé par la case Avignon. La pièce pouvait être un roman tant elle mélange les genres. Thriller et poésie se côtoient, philosophie et par extension politique se mêlent - sur fond de sujets bien ancrés dans l'actualité que sont les féminicides, l'immigration, l'extrême droite, la radicalité ou encore la liberté d'expression. 

© Christophe Raynaud de Lage

Toute la difficulté de ce texte est de ne pas faire dominer un genre plus qu'un autre, l'équilibre est plutôt bien trouvé, la langue est vraiment soignée néanmoins quelques petits mécanismes ne fonctionnent pas toujours. Sur le plateau, quatre espaces : un théâtre, un atelier, un plateau télé et un commissariat. La plupart derrière des parois vitrées. Les intrigues s'entrecroisent. Parfois, elles dialoguent littéralement. 

Un point de départ : une femme retrouvée morte - fille d'un homme politique d'extrême droite - par défénestration. Suicide ou meurtre ? La pièce ne met pas en scène l'enquête mais les répercussions sur différents protagonistes : une metteuse en scène qui adapte les textes du coupable, les médias, le frère de la victime, la soeur du présumé coupable, un flic... On revient sur les origines de la violence évidemment mais on navigue dans tous les points de vue, tous parfaitement audibles. Véritable reflet de la complexité singulière dont se pare chaque "histoire #Metoo". 

Le jeu des huit comédiens est pour le moins convaincant, l'énergie collective est belle, le réalisme est saisissant. Toutefois, le propos laisse peu de place au mystère, les croisements ne fonctionnent pas toujours - on note un tableau en particulier où l'espace scénique est scindé en deux et les répliques se répondent sans véritable sens au risque de perdre les spectateurs -. 

Un faux pas dans la vie d'Emma Picard @Essaïon Théâtre, le 27 Mai 2024

Le roman de Mathieu Belezi résonne avec L'art de perdre d'Alice Zeniter. Les deux textes ont été adaptés au théâtre en cette saison 2023-2024. 

Un faux pas dans la vie d'Emma Picard est une petite tragédie méconnue inscrite dans l'Histoire de la colonisation française. L'histoire d'une femme, Emma Picard, dans les années 1860 qui échappe à la misère française en allant en Algérie. On lui a promis des terres à cultiver. Elles lui sont octroyées par le gouvernement français ; "des terres qui ne veulent et ne voudront jamais de nous".

C'est la comédienne Marie Moriette qui prendra les traits d'Emma Picard. Elle livre un jeu particulièrement poignant où elle dialogue avec un lit d'enfant. Elle nous narre la misère qu'elle traverse. Les tempêtes, les disparitions, les invasions de sauterelles, les visites de fonctionnaires véreux... Tout y passe. Un faux pas dans la vie d'Emma Picard est le récit d'une femme qui s'est battue courageusement tout au long de sa vie. Aussi fictive que soit la personnage, l'histoire est saisissante.  

Marie Moriette déploie une palette d'émotions intenses dans une mise en scène pensée en duo avec Emmanuel Hérault qui frappe par sa sobriété. La musique quasi absente pour mieux saisir la solitude traversée. Le seul son sera le cri du cœur d'une femme désespérée.

Les carnets du sous-sol @Essaïon Théâtre, le 13 Mai 2024

© Clément Soyer

La première partie du roman Les carnets du sous-sol de Dostoïevski résonne dans la caverne voûtée de l'Essaïon. Un lieu particulièrement adapté pour capturer un espace mental indéfini. C'est ici et en nous tournant le dos nous accueille le comédien et metteur en scène Christophe Laparra. Le voilà qui nous adresse ce texte particulièrement exigeant de l'écrivain russe. Les questionnements sont nombreux et s'envolent dans des contrées philosophiques, poétiques ou encore politiques. L'enfermement comme unique moyen de contenir sa folie à destination de messieurs fruits de l'imaginaire débordant du personnage. 

Christophe Laparra incarne ce personnage avec la plus grande justesse. Il offre une présence totale et captivante. On se souvient de la lecture de certains extraits par Patrice Chéreau dans les murs du théâtre de l'Odéon en 2002 mais ici, c'est une question d'appropriation du texte, de faire corps avec lui. Et Christophe Laparra y parvient grâce à une scénographie on ne peut plus de circonstance. Xavier Bernard-Jaoul qui signe la création lumière joue des clairs obscurs. La lumière devient métaphore de la pensée. A mesure qu'elle brille, le personnage avance dans sa réflexion jusqu'à la lucidité. 


L'Esthétique de la résistance @MC93, le 11 Novembre 2023

La dernière fois qu'on a vu une création d'un autre enfant terrible du théâtre Sylvain Creuzevault pour ne pas le nommer c'était aux Ateliers Berthier (Odéon 17ème) pour Edelweiss France (Fascisme). On n'en a pas parlé ici. Non pas qu'on n'ait pas aimé. C'était un exercice de très bonne facture mais on a eu un peu trop d'absences - les signes de fatigue sont terribles - et l'œuvre était particulièrement dense. Plutôt que risquer un retour à mi-parcours, on a préféré ne rien dire. Rattrapage efficace avec L'Esthétique de la résistance et inscrit dans un drôle de concours de circonstance. 

© Jean-Louis Fernandez

Entre 1971 et 1981, Peter Weiss signe trois tomes d'une œuvre qualifiée aujourd'hui de chef-d'œuvre de la littérature du XXème siècle. Plus de 800 pages sans dialogue ni paragraphe. La matière de départ est pour le moins périlleuse et ambitieuse : "Une Iliade du mouvement ouvrier et de la lutte contre le fascisme au XXe siècle, voilà ce qu'est L’Esthétique de la résistance, roman-monde de l’écrivain et dramaturge allemand Peter Weiss" écrivait Le Monde en 2017.

Creuzevault et sa compagnie Le Singe adossés aux étudiants du groupe 47 de l’École du Théâtre National de Strasbourg sont parvenus à recréer la fresque politique en la soutenant rythmée et accessible - tant par la langue que l'approche scénique -.  

Pas moins de 17 comédiens sur le plateau qui font le récit de l'impact de la micro-histoire dans la grande Histoire. Les œuvres peuplent le plateau. Et ce, parfois totalement recrées devant nous - mentions spéciales au 3 de Mayo de Goya et à la séance de travail de Mère courag-. Et c'est ce côté très picturale qui est très fort dans ce spectacle, au-delà de sa dimension politique. Les comédiens parviennent à tous nous toucher de par la grande sincérité de leur jeu. 



Le Consentement @Espace Cardin - Théâtre de la Ville, le 21 Novembre 2022

© Christophe Raynaud de Lage

Tambour, rythme le combat de V. ! 

Sébastien Davis choisit Ludivine Sagnier pour donner corps aux mots du roman autobiographique de l'écrivaine Vanessa Springora qui avait fait sensation en 2020. Pour rythmer ses maux, elle sera accompagnée du musicien Pierre Belleville

C'est vêtue d'un jogging gris et d'un débardeur à la couleur saumon que Ludivine Sagnier accueille le public. En fond sonore, comme des pensées bourdonnantes, les questionnements de Springora envahissent les oreilles des spectateurs. Dans un décor fait d'un lit, une toison translucide et d'une table à laquelle viendra s'asseoir la comédienne, Ludivine Sagnier traverse tous les âges de la protagoniste. 

Tout y est distillé comme dans le récit originel. Toutes ses jeunes années jusqu'au moment de la rencontre avec celui qui fera l'objet de sa souffrance de jeune adulte et celles marquées par la toxicité de la relation s'installant, où sa fragilité est mise à rude épreuve. 

Dans des moments chorégraphiés, Ludivine Sagnier court, donne l'impression de se battre comme dans un combat de boxe où l'adversaire est invisible. L'actrice porte les mots le plus justement possible. Derrière la toison de fond de plateau, elle exprime la douleur profonde de V., c'est ici qu'elle y trouve la possibilité d'être plus transparente, qu'elle parvient à mettre les mots sur la souffrance. 

Les mots claquent, l'aveuglement de son entourage - que Ludivine Sagnier porte également au plateau - est foudroyant. Le spectacle percute dans une sobriété qui fait mouche. Exception sur une scène délicate dans laquelle la comédienne se livre à son prédateur dans une forme de rituel. Si le public imagine parfaitement l'action, la "sacralisation" illustrée peut embarrasser. Un spectacle qui rappelle la nécessité du témoignage pour construire et faire grandir le monde. 

Toxique @A La Folie Théâtre, le 29 Septembre 2022

© Laurence Navarro

La petite salle cachée du onzième arrondissement abrite actuellement la chambre fictive de Françoise Sagan. Un lit à barreaux de fer noirs, une table de nuit sur laquelle s'entasse quelques livres sous une carafe d'eau, un téléphone à même le sol et une chaise suffisent à meubler l'espace. Nous voilà plongés dans le journal de bord, pour le moins intime, de l'écrivaine alors âgée de 22 ans au moment de sa rédaction. 

C'est la comédienne Christine Culerier qui fait corps avec la jeune Sagan et lui offre une gestuelle féline. Elle occupe l'espace, ne peut s'astreindre à l'immobilisme. Les mots de la jeune écrivaine laisse entrevoir une véritable maturité, une lucidité certaine sur sa situation, Christine Culerier les porte avec une voix au plus justement posée qui joue avec les variations enfantines et plus matures, probables fruits du travail de croisement des sources d'écriture de la pièce - entre le récit de l'écrivaine et ses entretiens sur le sujet -. Le "charmant petit monstre" se révèle sous nos yeux. Le musicien Victor Paimblanc accompagne l'actrice en signant une partition musicale toute en finesse qui assure la mise en relief des phases de rechute de la hussarde en devenir. 

Mis en scène par Cécile CampToxique est un spectacle littéraire de qualité, porté par une comédienne qui a su s'emparer d'un personnage délicat sans tomber dans la simple imitation. 


Erreurs salvatrices @Théâtre de la Cité internationale, le 11 Décembre 2021

 

Après Fake, La Muse en circuit et son capitaine de bord Wilfried Wendling poursuivent leur travail d'explorations sonores : grincements industriels, bruits stridents, crépitements électroniques accueillent les spectateurs dans une grande salle dans laquelle ils ont une totale liberté de mouvement exception faite sur le plateau central aux constructions filaires suspendues "les fileuses" comme des lambeaux d'un chapiteau d'un autre temps. Hauts parleurs dans les coins, écrans larges, installations électroniques peuplent l'espace.

© Christophe Raynaud de Lage
En hauteur sur des échafaudages métalliques, suspendu dans le chapiteau, à même le sol ou encore attablé à un bureau équipé d'une machine à écrire, face à un pupitre d'un nouveau genre, Denis Lavant éructe, vocifère et clame les mots d'Heiner Müller. Comme souvent avec le comédien, la lecture est incarnée, habitée. De son côté, Alvaro Valdés Soto évolue et ondule dans la forêt de cordes. Erreurs salvatrices est ce qu'on pourrait qualifier d'OTNI (Objet Théâtral Non Identifié), un spectacle qui est transdisciplinaire : plastique, sonore ou encore circassienne. Une seule étiquette ne suffirait pas. 

Les fragments choisis des textes d'Heiner Müller sont teintés de noir, les images métaphoriques sont crues et font écho aux plus apocalyptiques projetées. Erreurs salvatrices est une aventure sans nul repère - si ce n'est celui du verbe - durant laquelle les émotions et les sens sont chahutés parce que  sollicités de toutes parts,. On assiste au dialogue entre le langage du corps et celui de l'âme. 

Le Crépuscule @Théâtre de l'Epée de Bois, le 03 Octobre 2019


Présentée au Festival OFF d'Avignon, l'adaptation de l'ouvrage Les chênes qu'on abat...  d'André Malraux que Lionel Courtot renommera Le Crépuscule a pris la route vers l'Île de France et pose son décor au Théâtre de l'Epée de Bois pour une durée d'un mois.
Les chênes qu'on abat...est un essai dans lequel Malraux relate sa dernière rencontre avec le général De Gaulle lorsque celui-ci s'est retiré à Colombey-les-Deux-Eglises suite au résultat négatif du référendum du "projet de loi relatif à la création de régions et à la rénovation du Sénat" en 1969. Lionel Courtot s'est donc penché sur leurs échanges de la nuit du 11 décembre de la même année durant laquelle Charles de Gaulle prévoyait d'écrire ses mémoires.

Le spectacle s'ouvre sur un Philippe Girard immobile, tournant le dos au public. Sébastien Rajon s'apprête à entrer dans le bureau du Général qui ne veut a priori recevoir personne. Un cartel "Don't disturb" devant le pas de la porte vaudra la plaisanterie des deux hommes. Ainsi commencent les réflexions profondes des deux immenses figures politiques. Evidemment, les sujets résonnent encore particulièrement aujourd'hui :  l'art et la manière de gouverner la France,la définition même du gaullisme, l'avenir de l'Union Européenne...

© François Vila
Le Crépuscule c'est la petite histoire dans l'Histoire, des conversations entre parenthèses. Non sans humour, Philippe Girard et Sébastien Rajon livrent un jeu puissant sans basculer dans la pâle imitation. Philippe Girard interprète un Général plein de droiture qui s'offre quelques moments de légèreté sans nécessairement afficher un grand sourire et Sébastien Rajon porte avec lui toute la justesse requise pour manier le sens de la formule chère à André Malraux. Il faut mettre de côté l'aspect purement idéologique et se laisser transporter dans cet excellent combat oratoire. Le temps d'une nuit bleue, tantôt dans le bureau, tantôt dans une bibliothèque - le décor change sous les yeux du public avec une sorte d'effet arrêt sur images des comédiens -, les deux hommes refont le monde à l'heure où tout est en train de basculer. 

Hiroshima mon amour @Bouffes Parisiens, le 07 Juillet 2019


Presque timidement, elle arrive dans la pénombre par le fond du plateau sur ses hauts et fins talons. Fanny Ardant est vêtue d'une robe noire. Elle porte en elle le deuil. Le deuil d'un amour. Le décor est au plus sobre ; un fauteuil de velours assorti à la robe tient compagnie à la comédienne, un subtil jeu de lumières et la voix off de Gérard Depardieu habillent le plateau des Bouffes Parisiens.

Et voilà que les deux échangent, font revivre leur passion éphémère. La voix rauque de la comédienne fait résonner les beaux et déchirants mots de Marguerite Duras "Déforme-moi à ton image afin qu'aucun autre, après toi, ne comprenne plus du tout le pourquoi de tant de désir." et Gérard Depardieu, plus sobrement sans pour autant manquer ni de justesse ni de douceur lui répète le blessant "Tu n'as rien vu à Hiroshima. Rien."  L'absence physique de Gérard Depardieu permet de jouer avec la confusion des amants. Est-il l'allemand ou bien le japonais ? La tentation de dire qu'il s'agit du japonais est très forte mais nager dans le trouble s'avère un plaisir.

Hiroshima mon amour mis en scène par Bertrand Marcos gagne le pari d'un spectacle poétique et touchant célébrant la rencontre réussie d'un texte et de voix se fondant sur le magnifique morceau Oblivion d'Astor Piazzolla.




On ne joue pas avec les épées - Fanny Salmeron


Ce recueil de nouvelles a bien quelque chose. L'écriture de Fanny Salmeron !
Sous des faux airs enfantins, on y trouve de la tendresse qui se fait grave parfois. Saupoudrés de fantaisie, ces courts récits sont sincères, ils sont écrits avec son cœur.

Salmeron raconte les petites choses de la vie que ça soit les tracas, les illusions déçues, les peines de cœur, les coups de folie ou des rencontres improbables - notamment celle avec un sushi qui parle ! -.
L'amour est un jeu où l'on ne peut jamais tricher très longtemps.
Fanny Salmeron fait bien comprendre qu'on ne sort jamais totalement vainqueur.

Idéal pour les vacances, ce recueil est rempli de charme.
Délicatesse et poésie se sont alliées ici pour embarquer, toucher le lecteur en plein coeur. Mais soyez-en sûrs, On ne joue pas avec les épées !  

Baudelaire, le diable et moi - Claire Barré


Il y a presque un an, Claire Barré sortait son premier roman
Ceci est mon sexe, on y découvrait une
héroïne appelée Trixie-Rose Jones, la divinité aux orgasmes miraculeux.

Cette année Claire Barré revient avec un tout nouveau roman; Baudelaire, le diable et moi. Cette fois-ci on suivra Clara, jeune femme dépressive, grande amatrice de poésie mais inadaptée au monde moderne. Elle est atteinte de la maladie du siècle aurait-on dit en d'autres temps.

Baudelaire, le diable et moi est un roman plutôt curieux. On remonte le temps grâce au diable identifié comme étant Sébastien Melmoth (Oscar Wilde). Imaginez que celui-ci vous propose un voyage dans le temps aux côtés de vos auteurs préférés...

Ne vous êtes-vous jamais posé la question de savoir ce que vous auriez dit ou ce que vous auriez fait avec ceux que vous n'avez pas pu connaître ? Clara ne s'est pas tellement posée la question, elle voulait Baudelaire. Elle se retrouve donc propulsée au XIXème siècle, à la rencontre du grand Charles qu'elle admire tant. Tellement admirative qu'elle s'offre à lui. "L'enfer est pavé de bonnes intentions."

La jeune Clara découvre une époque dans laquelle elle se sentira plus à son aise, entourée de tous ceux qui lui ont forgé une culture littéraire et le lecteur se sent comme tiré par la main.
Ce voyage au cœur du XIXème siècle ne représente qu'une partie du roman.

La dernière partie questionne un aspect très intéressant; si les auteurs du XIXème siècle se retrouvaient parmi nous, que feraient-ils ? Quel avis auraient-ils sur la littérature aujourd'hui ? Quel rapport entretiendraient-ils avec les ordinateurs et par extension Internet ? Claire Barré a essayé d'imaginer les réactions de Baudelaire, fasciné par la modernité et à la fois exaspéré. L'auteure décortique intelligemment l'évolution littéraire de notre époque.

Si jadis les auteurs ont choqué, ils ont à tout jamais marqué l'Histoire de la littérature, mais qu'en est-il aujourd'hui ? Le processus de création est renversé, les codes ont changé... Claire Barré porte un regard critique et ce dernier est pour le moins pertinent.
Mêlant bribes de poésie et écriture romanesque, Claire Barré peut de nouveau être sûre de séduire un lectorat.

Le Langage des Viscères #25 @Auditorium Saint-Germain, le 06 Décembre 2014


Encore une soirée Le Langage des Viscères, la dernière de cette année 2014 ! 
Cette fois-ci on retourne à l'Auditorium Saint-Germain. 

Au programme : 
Exposition photos sur la thématique "Rien n'est plus trouble que la grâce", une performance VJ mêlée à de la danse butô "La rose est sans pourquoi", une performance de danse "Cassandre", des lectures, des projections de courts-métrages et pour finir le concert des Soror Dolorosa.

"Rien n'est plus trouble que la grâce", un thème fort poétique qui promet des photos très esthétiques. Un collectif de photographes explore ce sujet en prenant majoritairement des femmes pour modèles. A la rencontre des flous artistiques, juxtaposition des corps et des grains photographiques. Ici, la grâce c'est avant tout l'élégance. Les photographies mêlent poésie, rêverie voire fantasmes colorés.

La soirée commence avec en exclusivité la performance "La rose est sans pourquoi" puisant son inspiration du poème d'Angelus Silesius Extraits ici ]. Dorianne Wotton signe à nouveau une manipulation vidéo hypnotique sur une musique atmosphérique interprétée au synthé en direct par Amine Boucekkine. Sons stridents, puissants et chœur saint se mêlent à la délicatesse des mouvements d'Anaïs Bourquin. Plus intime, plus gracieuse Anaïs Bourquin fait disparaître la violence du butô au profit d'une élégance, un minimalisme plus grinçant. Ses mouvements sont plus lents, plus délicats. Une rose qui s'ouvre. 

La poésie se poursuit avec Juliette Morel - qui avait déjà participé le 24 janvier dernier en proposant L'Attente - avec une création s'inspirant du texte de Friedrich Schiller; Cassandre. Juliette Morel choisit de mélanger vidéo et danse. Un écran diffuse des images d'elle courant sur une plage, trébuchant, chutant. Le décor est en noir et blanc, seule sa robe ressort de par sa couleur rouge. La création est toujours aussi saisissante, les mouvements sont élégants, les figures sont parfois au sol. La danseuse fixe son public avec intensité, les émotions sont là. Cassandre c'est une prophétesse maudite, rejetée. Ce qui explique les chutes minutieuses. 

Après ces deux grands temps forts, Amine Boucekkine revient sur le plateau de l'auditorium et clame un texte poético-philosophique sur la notion du désir. La pureté de ce mouvement humain est questionnée. Ce sentiment à la fois fort et imparfait, si souvent lié à l'amour. 

S'en suit la projection de deux courts-métrages : 
Rêvalités une collaboration entre le travail photographique de Julie de Waroquier et du travail cinématographique de Damien Steck. Une promenade dans un univers entre le rêve et la réalité d'une esthétique remarquable. 

Matin lunaire un court-métrage hypnotique, psychédélique réalisé par Clément Oberto sur la musique du groupe électro Plaid

La soirée s'achève sur le concert du groupe français Soror Dolorosa. Un groupe s'inscrivant dans la lignée coldwave digne des Cure dans leur période Pornography. Soror Dolorosa dégage ainsi une belle énergie scénique. Le public ne pouvait qu'en demander encore. [ Soror Dolorosa et son titre Dany @Auditorium Saint-Germain ]

Rendez-vous les 20 et 21 mars prochain au MPAA Broussais ! Une programmation lourde vous attend !








L'anthologie des bourdes et autres curiosités de la chanson française - Alister


Alister (alias Christophe Ernault) multiplie les casquettes; auteur, compositeur, interprète et rédacteur en chef aux côtés de Laurence Rémila de la revue Schnock.

Le 12 novembre, au Thé des écrivains  c'était ambiance lancement de son livre L'Anthologie des bourdes et autres curiosités de la chanson française (Editions La Tengo).

Comme à son habitude, Alister a beaucoup d'humour et signe ici un livre qui revisite des grands classiques de la chanson française afin d'y trouver quelques pépites ou devrais-je dire coquilles.
Ici et là sont notifiées des bourdes qu'à la première écoute, on n'aurait pas forcément capté (ou qu'on n'a même pas capté du tout).

Pas moins de dix chapitres tout aussi divertissants les uns que les autres ; Anthologie de la bourde chansonnière, Very Bad Titre, Hallucinations auditives, Les Beatles en VF, Apologie du cliché "Stress & Strass", La chanson de la cambronne, J'ai rien compris mais c'est pas grave, Un air de famille, La tentation de Venise et Offiriez-vous ce disque aux gens que vous aimez ?

Une bien belle compilation qui n'hésite pas à taquiner les grands noms du "patrimoine" francophone tels qu'HallydayAznavourBrel, Brassens, Cabrel et tant d'autres ! En lisant le livre on revisite la chanson française qui a marqué des époques, des esprits et qui du coup les marqueront encore plus.


Désinvolte, Alister en connaisseur donne l'impression de se promener dans une discothèque rayon Chanson française avec le lecteur. Réflexions personnelles, discussions entre amis, toutes les pistes ont été exploitées pour dénicher les bourdes. Pour notre plus grand bonheur, il le fait avec beaucoup d'humour.

On en profite pour signaler que Mister Ernault sort son troisième album en début 2015, pour sûr, il sera attendu et gare à la bourde !

Morteparole - Jean Védrines


Deux amis. Paul et Giovan. L’un aspire à devenir professeur, élever les âmes et l’autre fils d’immigrés est séduit par les mots de la révolution prononcés par son frère. Deux êtres pourtant si différents vont vivre une enfance bercée par le langage tantôt élévateur tantôt révolutionnaire.

Jean Védrines signe ici son sixième roman d’une plume toujours aussi poétique, subtile. S’exprimant à la première personne, Giovan est le témoin de l’ascension sociale de son ami qui finit par chuter brutalement. Il raconte leur enfance, en classe ou lors de leurs moments libres où ils partagent leur vision du monde.

C’est le récit d’une opposition permanente entre un langage des élites et un langage libre. Un parfum d’enfance se mélange à la cruauté de la société tant décriée par Giovan.
Les deux compères sont liés par une amitié indestructible. Bien que parfois critique à l’égard de son ami, Giovan est admiratif. Si Paul aime son ami, il lui arrive d’être dur mais les mots peuvent dépasser la pensée.

Védrines est un amoureux des mots, son écriture est fluide et les phrases sont toujours recherchées, pleines de délicatesse. Elles touchent le lecteur, témoin d’une amitié que tout semble opposer.   

Le Langage des Viscères #24 @MPAA Broussais, le 27 Septembre 2014

Pour cette édition, Amine Boucekkine et ses artistes ont choisi de s'installer à la toute nouvelle Maison des Pratiques Artistiques Amateurs dans le 14ème arrondissement. Une soirée plus intimiste que les précédentes mais un succès toujours au rendez-vous !

Une exposition en partenariat avec le collectif CAVE; Angel Roy Graphikart, Erwan Kénizoré, Angelina Nové, Nihil, Eric Lacombe, Daria Endresen, Sibylle Ruppert, Bastien Lecouffe Deharme, Steve Taniou, Elodie Huré, Paul Toupet et en exclusivité deux illustrations de ... 
David Lynch
Pas de thématique précise cette fois mais une réelle fascination pour le corps. 
Erwan Kénizoré joue sur le vaudou avec ses sculptures de petites tailles.
La sculpture de Paul Toupet 1,2,3 soleil rappelle un univers burtonien, l'innocence de ces enfants-lapins-zombies est presque angoissante ! 

Pendant la visite de l'exposition, Sarah Violaine proposait une performance sous forme de déambulation. Une présence shamanique erre dans la MPAA Broussais, un esprit bienveillant venu d'outre-tombe pour se présenter aux mortels. 

Les lectures ne manquent pas d'arriver : Claire Barré proposait un extrait de son roman Ceci est mon sexe* (si vous ne l'avez toujours pas lu, il serait temps ;-) ) et à son habitude Amine Boucekkine suggère un texte sombre. Ici on nage dans l'utopie, l'espoir pessimiste de l'homme et son avenir sur Terre. 

Fin des premières lectures : projection du court-métrage de Vincent Bourre; La place du mort. 
Un court-métrage mettant en scène un apprenti conducteur, son professeur et un accident. Le film ne dispose pas de beaucoup de dialogue, le silence est de mise et l'angoisse du jeune conducteur est ressentie par les spectateurs. 

Place au concert d'Aube L, jeune chanteuse qui était déjà passée par Le Langage des Viscères par le passé. Elle se définit comme un bisounours dépressif mais reste relativement joyeuse. Son sourire communicatif n'a pas manqué de séduire les spectateurs. Véritable femme orchestre, elle joue sur un synthé, du violon, de la guitare et tape le rythme sur une caisse accompagnée d'une cymbale. Avec des tonalités électro, Aube L est un savant mélange des Cure, de Radiohead et de Depeche Mode. Lors d'une conversation avec elle, Aube L revendique bien sûr encore plein d'autres influences.

Les secondes lectures prennent place. Wilfried Salomé lance la sienne avec humour pour finalement la délaisser. Il s'agissait d'un texte sur une génération : les trentenaires. La joie contrastant avec le désespoir. Amine Boucekkine attire les spectateurs sur un sujet qui les concerne tous : la vie en ville. La grandeur de cet espace physique s'opposant à la petitesse de son habitant, sa solitude, la folie grandissante. Les intonations sont proches de la rage. Pour finir sur celle de Marc-Louis Questin, connu de la scène gothique pour sa littérature fantastique et goth. Une lecture qui s'avère théâtralisée, romantique et élévatrice.

La soirée se termine sur le concert des jeunes Random Monsters, un groupe talentueux qui a une excellente énergie. Des sonorités psychédéliques voire stoner, le son est excellent pour les oreilles. Une certaine noirceur délicieuse se dégage. Quatre garçons à suivre ! 

Prochain rendez-vous : le 6 Décembre à partir de 18h30 à l'Auditorium Saint Germain !

* Chronique du roman disponible ici

Photos disponibles ici 

Les mots qu'on ne me dit pas - Véronique Poulain


Rentrée littéraire 2014 nous voilà ! 

Merci à ma consœur Blablablamia pour ce conseil littéraire. 

Ne vous êtes-vous jamais posés la question de savoir comment vit un enfant entendant lorsque ses  parents sont tous deux sourds-muets ? C’est Véronique Poulain qui vous fera part de son histoire.

D’une plume franche et humoristique, Poulain parvient à parler de deux mondes – celui des sourds et celui des entendants – où elle s’épanouit. 


Ce roman témoigne de l’amour qu’elle porte pour ses parents. Bien qu'il arrive que ses sentiments basculent entre "fierté, honte et colère", Véronique Poulain ne peut supporter les curiosités, le jugement différent que les entendants peuvent porter sur eux, ces interrogations sur la manière dont elle s’exprime avec ses parents – enfant, elle se complaisait à traduire en signes puis en grandissant, l’enthousiasme s’efface -. 

Véronique Poulain livre ainsi un récit émouvant sans pour autant tomber dans la pitié. Anecdotes, joies, tristesses, tous les éléments d’une vie sont relatés efficacement. Un fort bon premier roman.
Les mots qu’on ne me dit pas est un titre qui convient parfaitement à son histoire. Si on ne lui disait pas, on les ressentait et lui signait.

Derrière l’humour corrosif, une femme aimante qui leur fait part d’une belle déclaration : 
« Aujourd’hui, je suis fière. Je les revendique. Surtout, je les aime. Je veux qu’ils le sachent. »

Le Langage des Viscères #23 @Auditorium Saint-Germain,le 27 Juin 2014



Eh oui, encore une soirée du Langage des Viscères.

Pour cette vingt-troisième édition, Amine Boucekkine a choisi de se concentrer sur l'art vidéo donc une soirée sous le signe des projections. 
Programmation de cette édition : Exposition photo sur la thématique La ville décomposée suivie des lectures de textes d'Amine, Marianne, Jérôme Attal et Céline Renoux
Simultanément, Virginio Vona dans le hall de l'auditorium se prête à l'exercice de la peinture en temps réel. DJ set du groupe électro Trésors.
Projection du diaporama photos "Au bout du chemin" suivi de la performance VJ de Dorianne Wotton sur un texte d'Amine Boucekkine; La Nuit.
S'en est suivie la projection du court-métrage Kore d'Eric Dinkian pour finir sur la performance particulière du groupe post-rock Farewell Poetry

Virginio Vona effectue sa peinture avec des gestes presque brusques, nerveux pour donner un travail intrigant et obsessionnel.

L'exposition La ville décomposée suggère de clichés qui montrent la ville perdant de son humanité. Principalement en noir et blanc, les photographies invitent le visiteur à errer dans des villes presque futuristes.

Lors des lectures, Marianne convie les auditeurs à des envolées philosophiques sur la ville décomposée. Quand on connait Jérôme Attal, on sait qu'il ne gardera pas le sérieux très longtemps. Cette fois-ci, il ne lira pas du George Bataille mais un extrait de son propre roman; L'Histoire de France racontée aux extra-terrestres. Attal dans cet extrait compare les soirées parisiennes aux tranchées.
Céline Renoux s'initie à la lecture pour la soirée et propose des textes sur l'enfance. Thème évoqué avec une certaine tendresse. Amine Boucekkine clôt les lectures avec un texte toujours profond, qui prend aux tripes avec cette tonalité si singulière.

Trésors est un duo de jeunes hommes pourvus de sens de l'humour. Minimaliste et ambitieux, leur son électronique est un voyage dans des contrées psychédéliques. 

Le diaporama photo Au bout du chemin de Lynn SK (ici) est riche de par sa poésie et sa sensibilité.
Sur des sons envoûtants, Amine Boucekkine et Dorianne Wotton proposent une performance VJ très sensuelle sur le texte La Nuit. 

Kore d'Eric Dinkian - primé dans de nombreux festivals - est un court-métrage hypnotique, obsessionnel où une jeune fille s'empare d'un spray et dessine des spirales en rouge et noir dans la ville.
Une folie urbaine bruyante. [Bande-annonce]

Farewell Poetry clôt la soirée avec originalité. Ce groupe allie le cinéma et la performance musicale. Captivante et intense semblent être les maîtres mots pour qualifier cette performance unique. Un univers singulier. On en demanderait toujours plus et bien sûr les voir plus souvent en "concert" 

Merci une fois de plus à Amine Boucekkine d'offrir des soirées aussi riches les unes que les autres ! 
Rendez-vous le 27 septembre pour la prochaine !




Avis aux absents : mes photos

Ceci est mon sexe - Claire Barré

« J’étais rien d’autre qu’un fantasme. Une poupée gonflable à fontaine déclenchable. » c’est ainsi que se définit Trixie-Rose Jones.

Elle est jeune, métisse et ses yeux sont mauves. Ceci est mon sexe c’est son histoire.
Une histoire « fantasmorgasmique ».

Claire Barré, dans ce premier roman, choisit de raconter l’avènement d’une nouvelle divinité : Trixie-Rose Jones. Jeune femme fontaine aux orgasmes miraculeux allant jusqu’à générer des émeutes.

Dans un univers ‘Sex, drugs and rock’n’roll’, Claire Barré raconte l’itinéraire de multiples personnages amenés à se rencontrer autour de la nouvelle divinité : Trixie Rose !

Si Claire Barré choisit de faire évoluer son personnage avec une écriture crue, l’humour est présent et le récit est chargé de questionnements sur notre condition. Notamment la condition de femme. Le droit de disposer de son corps librement, la liberté…

Si l’amour est présent dans ce roman, l’animalité de l’humain revient souvent plus vite que prévu. La rencontre avec Ziggy, un jeune paumé qui ne rêve que de devenir un acteur, fantasme sur l'idée de devenir le grand ami de Tarantino, dealer, bouleversera la vie de l’héroïne – et nous serons tentés de dire que l’héroïne bouleversera la vie des héros -.

De manière habile, Claire Barré relate les histoires de chacun des personnages – ils sont nombreux - dans les chapitres, tantôt le point de vue de Trixie, tantôt un autre personnage au même moment. Trixie parle à la première personne dans des vidéos qu’elle poste sur son blog – Claire Barré fait revivre sa fonction de scénariste en prenant soin d’indiquer les postures, les « noirs »… afin que l’on imagine la vidéo -.

Le titre est un brin provocateur, le roman bouscule les conventions et offre une belle traversée dans un monde fantasmatique !