© Laurence Navarro |
La petite salle cachée du onzième arrondissement abrite actuellement la chambre fictive de Françoise Sagan. Un lit à barreaux de fer noirs, une table de nuit sur laquelle s'entasse quelques livres sous une carafe d'eau, un téléphone à même le sol et une chaise suffisent à meubler l'espace. Nous voilà plongés dans le journal de bord, pour le moins intime, de l'écrivaine alors âgée de 22 ans au moment de sa rédaction.
C'est la comédienne Christine Culerier qui fait corps avec la jeune Sagan et lui offre une gestuelle féline. Elle occupe l'espace, ne peut s'astreindre à l'immobilisme. Les mots de la jeune écrivaine laisse entrevoir une véritable maturité, une lucidité certaine sur sa situation, Christine Culerier les porte avec une voix au plus justement posée qui joue avec les variations enfantines et plus matures, probables fruits du travail de croisement des sources d'écriture de la pièce - entre le récit de l'écrivaine et ses entretiens sur le sujet -. Le "charmant petit monstre" se révèle sous nos yeux. Le musicien Victor Paimblanc accompagne l'actrice en signant une partition musicale toute en finesse qui assure la mise en relief des phases de rechute de la hussarde en devenir.
Mis en scène par Cécile Camp, Toxique est un spectacle littéraire de qualité, porté par une comédienne qui a su s'emparer d'un personnage délicat sans tomber dans la simple imitation.