Mélange très à propos que celui de Georges Feydeau Mais n'te promène donc pas toute nue et de morceaux choisis de plusieurs textes du dramaturge suédois Lars Norén (La Veillée, Détails, Démons et Munich-Athènes), Toute nue d'Émilie Anna Maillet une création féroce et très ancrée dans le XXIème siècle.
Ventroux - Sébastien Lalanne - est un homme politique. Député, il est promis à un avenir de Ministre de la Marine. Il n'hésite pas à utiliser l'image de son couple pour gagner la confiance de l'opinion publique. On n'imagine jamais vraiment tout ce que les politiques sont prêts à faire pour une place au soleil. Ventroux, lui, a choisi de mettre sa vie de couple au premier plan. Jusqu'à ce que Clarisse, son épouse - Marion Suzanne - se rebelle. Son mode opératoire ? S'afficher nue partout. A la maison, devant le domestique, devant les journalistes, devant les autres politiques ; par-tout ! Clarisse joue la carte d'une résistance insolente. "Résiste. Prouve que tu existes." chantait France Gall. Et progressivement, elle ruine l'image de son mari qui n'a pas hésité à l'utiliser, jusqu'ici, comme un simple outil de communication.
Fantastique duo que Sébastien Lalanne et Marion Suzanne dans cette pièce rythmée en direct par la batterie de François Merville - qui interprète également le domestique du couple -. Tout se joue sur le plateau et en dehors. Les moments les plus glaçants sont tournés hors champs par l'intermédiaire de la caméra du journaliste du Figaro - interprété par Simon Terrenoire -. Initialement venu interviewer Ventroux sur "la politique en général", il se retrouve à filmer le couple dans son intimité, récupérant ainsi des images qu'il qualifiera de "pimpantes". Entre courses poursuites et joutes verbales, Sébastien Lalanne et Denis Lejeune - qui incarne ici le maire Hochepaix - offrent de savoureux moments clownesques. Si on ne devait en retenir qu'une, la scène du "hop hop hop" est un bijou. Le tout est orchestré dans une scénographie pertinente conçue par Benjamin Gabrié où l'on imagine toutes les pièces de la maison. Le théâtre utilisé dans ses moindres recoins et l'usage de la vidéo projetée sur les parois est judicieux. On notera également un superbe travail avec l'eau dans tous les sens, illustrant à merveille l'expression de "l'arroseur arrosé".