Ce n'est pas la première fois que nous parlons du Collectif Cohue sur ce blog. En 2015, nous les avions vu à l'occasion du grandiose Visage de feu. On les retrouve trois ans après au même endroit pour une nouvelle création : Oussama, ce héros. Le collectif poursuit ainsi sa réflexion sur la violence de notre époque.Scindé en trois parties, Oussama,ce héros est un thriller qui monte graduellement en intensité. L'action se déroule en Angleterre post 11 septembre 2001. Impossible de ne pas repenser aux attentats de 2015.
On suit la petite vie de Gary (Baptiste Legros), jeune un peu perdu qui assume pleinement sa différence de par ses pensées quelque peu marginales. En hissant Oussama Ben Laden au rang de héros lors d'un exposé, il était loin de comprendre ce qui pourrait en découler.
Le plateau n'est pas spécialement chargé. Tout en sobriété, on imagine parfaitement une première partie dans une quartier populaire, les échanges tendus de Francis (Julien Girard) et Louise (Sophie Lebrun) dans une cuisine, pas bien grande où les meubles ne sont pas tous au même niveau. De l'autre côté du plateau, on se retrouve dans le garage d'un voisin - Mark - perturbé, totalement dérangé (Stéphane Fauvel admirable) et obsédé par une jeune et naïve habitante du quartier - Mandy -(Charlotte Ravinet). Ils se livrent à un jeu intime voire obscène. Tous ces personnages ont un point commun : la fragilité. Nous, spectateurs nous sommes simples passants.
Et lentement on glisse dans l'obscur, les spectateurs deviennent témoin.
Gary est accusé par ses voisins d'être l'ennemi du collectif qu'ils représentent. Il était là au mauvais endroit, au mauvais moment. Il n'aurait jamais du traîner par ici. Voilà que l'on se retrouve à nouveau dans le garage de Mark, Gary est attaché, sa bouche scotchée. Pas un mot, Gary, tu en as assez dit. Tu n'auras pas le choix. Eux, ils sont prêts à en découdre. Il possède une batte. Ils se la transmettent. Dans le puissant jeu de lumière de Romain Delavaux on subit les coups. On frémit. On appréhende le prochain passage. La création musicale de Nicolas Tritschler fait monter la tension.
Et le meurtre est commis. Ils retrouvent leurs vies misérables, leurs habitudes sordides. Les spectateurs se font confidents.
Martin Legros et son collectif parviennent une fois encore à nous transporter dans une ambiance pesante où nos travers de simples êtres humains sont mis en lumière, toute notre complexité.
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