Créé en 2007 à Avignon au Théâtre du Chien qui fume, le spectacle L'Autobus et la Renn compagnie sous la direction de Laurence Renn Penel reprennent du service au Théâtre 13 / Seine à Paris.
La tragédie burlesque née sous la plume du bulgare Stanislav Stratiev est une métaphore du régime de son pays d'origine au cœur des années 1980. A bord d'un autobus branlant, neuf personnages se retrouvent victimes d'un chauffeur manipulateur. Invisible, il n'en est pas moins omniprésent.
Neuf personnalités pour une meilleure représentation de la société: le Raisonnable ou celui qui dicte la bonne conduite (Laurent Lévy), le Déraisonnable ou le rebelle individualiste (Gall Paillat), le Paysan ou la sagesse (Marc Ségala), le Couple petit bourgeois qui ne remet pas en question le système (Raphaël Almosni et Natacha Mircovich), l'Irresponsable ou celui qui noie son désespoir dans l'Eau-de-vie (Christophe Sigognault), le Virtuose ou celui qui ne jouerait pas devant le petit peuple (Lionel Bécimol) et la Jeunesse ou l'incarnation de l'espoir (Solal Forte et Gabrielle Jéru).
Le trajet ne sera pas de tout repos : entre les virages serrés, les coups de frein imprévisibles, les secousses, tout se ressent chez les spectateurs grâce à la scénographie de Thierry Grand : un imposant autobus métallique sur ressorts. Prisonniers de la machine(rie), les passagers tenteront de se révolter chacun à leur manière.
L'une des scènes retiendra toute notre attention : le semblant de procès du Virtuose. Le Raisonnable se fait juge, il veut forcer le Virtuose à jouer du violoncelle au chauffeur pour que celui-ci prenne (enfin) la bonne direction. La scène se réalise toujours à bord de l'autobus et le jeu de lumière recentré sur les deux personnages donne l'impression d'un véritable tribunal avec son ambiance austère.
L'ensemble des comédiens se coordonne et livre un jeu proche du clown et du mime pour servir au mieux toute l'absurdité du propos. Jubilation, humour et dénonciation sont les maîtres mots d'un texte en résonance avec une actualité préoccupante.
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