Le premier cycle intitulé Nos paysages mineurs est une histoire d'amour naissante post mai 68. Marc Lainé nous transporte dans une histoire née à bord d'un train en optant pour une unité de lieu : un compartiment. Elle c'est Liliane (Adeline Guillot). Lui c'est Paul (Vladislav Galard). Elle est provinciale, espère s'émanciper en venant à Paris et gagne sa vie en qualité de vendeuse au BHV. Lui est un parisien bourgeois, prof de philo, il prétend incarner une pensée de gauche. Paul est pourtant tout ce qu'il y a de plus détestable chez un homme : dominant et narcissique. Vladislav Galard excelle dans ce rôle on ne peut plus caricatural. Liliane c'est la femme douce, en retrait qui progressivement prend confiance en elle. Adeline Guillot use du bon dosage émotionnel. Alors qu'il devient un écrivain à succès, Paul ne cesse d'être de plus en plus exécrable. Liliane prend le chemin de la femme passive malgré son caractère. La rupture est inévitable.
© Simon Gosselin |
Dans En finir avec leur histoire Marc Lainé les propulse dans les années 1990 - les affiches de Nuits fauves de Cyril Collard nous le rappellent mais pas que - . Le couple s'est bel et bien séparé mais est lié non pas par les sentiments mais par un ado : Martin (Antoine de Toffoli). Liliane a poursuivi son chemin de femme indépendante, à son tour devenue prof de philo. Paul est ruiné désormais hors circuit, il fait effet auprès de compagnes éphémères plus jeunes. Ils se retrouvent "par hasard" dans le 6ème arrondissement parisien le temps d'une soirée. Lui est prêt à la reconquérir à des fins très matérielles. Elle, l'écoute passivement.
On se laisse porter par cette histoire ordinaire inscrite sur un fond très politique. Questionner la possibilité de mélanger les classes sociales est un sujet politico philosophique passionnant. Marc Lainé traite la problématique avec la bonne distance. Alors que dans le premier spectacle il nous laisse la possibilité de regarder l'écran sur lequel est projeté la captation en temps réel de ce qui se passe dans le compartiment, nos regards se concentreront davantage sur eux - fascinés par leur endurance sur les tapis roulants - dans la deuxième partie. Leurs mouvements ponctués par les notes s'échappant du violoncelle de Vincent Segal. La musique est bien présente, nos protagonistes poussent de temps à autre la chansonnette comme dans un film de Jacques Demy. On attend désormais de connaitre la vision de Martin.