Six ans. Autant dire une éternité. Mais c'est bien le temps que les plus grands macaignophiles ont du attendre pour le voir revenir au théâtre. Au cinéma, il s'est fait remarquer positivement aussi bien pour Emmanuel Mouret qu'avec Elie Wajeman ou encore chez Rémi Bezançon. Même sur petit écran pour Olivier Assayas dans Irma Vep. L'enfant terrible est de retour. Il aura beau dire qu'il n'a jamais quitté le théâtre, on ne l'avait pas vu en chair et en bruits depuis six ans. Quand on a appris qu'il travaillait sur la matière shakespearienne Richard III on a commencé à attendre non sans impatience et beaucoup (beaucoup) d'exigence(s). Il y avait tellement de potentiel. Et tout ça s'est malheureusement conjugué à l'imparfait... "Fermez les yeux. Oubliez Shakespeare et votre avenir" nous intimait la reine Elizabeth - ici Sofia Teillet -.
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© Simon Gosselin |
Alors oui, Vincent Macaigne est resté fidèle à son utilisation des fumigènes, de la matière tantôt boueuse tantôt sanguinolente, au volume toujours plus fort - quoique pas de boules quiès distribués ! Ceux dans le sac devait probablement dater d'En manque - et sa bande de copains : Pascal Rénéric dans le rôle titre, Pauline Lorillard, Sharif Andoura, Thibault Lacroix, Sofia Teillet, Candice Bouchet à laquelle se grefferont Clara Lama Schmit, Max Baissette de Malglaive et des enfants en alternance : Camille Ametis, Clémentine Boucher ou encore Lilwen Bourse. Mais où est passée toute la monstruosité de Richard ? Toute la famille Gloucester est atteinte de cette folie sanguinaire. Mais Richard chez Macaigne fait presque bande à part.
Richard devient un roi maladroit, œdipien et pas des plus boiteux - on fera dire à un des personnage qu'il contrefait sa bêtise -. Alors oui, on se rappelle de l'impressionnante incarnation de Lars Eidinger dont il est clairement difficile de se défaire tant elle marque les esprits. Mais mettons la de côté le temps de l'interprétation de Pascal Rénéric qui nous avait pourtant convaincu dans Pour le réconfort. Mais ça ne prend pas. Il a beau rire comme un tyran, il perd en crédibilité. On va adorer les prestations du jeune Max Baissette de Malglaive et ses expressions lumineuses, pleines d'espoir pour la nouvelle génération - son monologue aux générations précédentes est une petite perle - et de Pauline Lorillard en épouse rebelle - grand moment que celui de sa réplique sur son incapacité à aimer son mari -. On pense aussi à Sharif Andoura qui nous fera beaucoup rire - mention particulière au contexte de sa réplique "Il vaut mieux un petit accident qu'une grande restriction" -. Non pas que le reste de la troupe ne soit pas investie mais il y a quelque chose qui souffre - ou qui s'essouffle... -.
Le texte ? Quelques envolées lyriques parsèment une réflexion qui gagnerait en profondeur. La scénographie ? Si Vincent Macaigne arrive à créer des images fortes, un peu plus de bruit et de fureur n'aurait pas été de trop... Il n'empêche qu'on restera toujours attentifs à son travail et qu'importe le terrain de jeu choisi.
Ce billet est dédié à M., l'enfant émerveillé qui m'accompagnait