2017 marquera le
quarantième anniversaire du soliloque écrit par Bernard-Marie Koltès. En une phrase et aucune ponctuation, l’auteur
contemporain, alors âgé de 29 ans, signait ici l’unique phrase pleine de
hargne, sa déclaration de guerre à notre société à laquelle il attribuera le
titre poétique La nuit juste avant les
forêts.
Jean-Pierre Garnier
est allé chercher le jeune Eugène Marcuse
encore étudiant au conservatoire pour porter le rôle de cet homme « qui n’est
pas d’ici ». En ouverture, le comédien piétine des pavés aux allures de
miroirs, il est trempé, éclairé par des ampoules suspendues ici et là. Il est
seul. Sur un fond sonore énigmatique - signé Joncha -, l’écorché vif raconte son histoire, ses aspirations de
syndicat international, ses doutes et crache sa rage. Il regarde le public en
profondeur, il veut le toucher au plus profond de l’âme.
Comme pris à parti, le
spectateur se fait témoin d’un Marcuse
qui donne tout : physiquement et psychologiquement. Du haut de ses 20 ans,
il est déjà porteur d’un immense potentiel. Tantôt il dégage une fragilité
nécessaire pour basculer dans une présence presque animale. Il pousse le cri d’une
humanité en détresse.
Ivresse ou démence
passagère ? Nul ne le saura réellement. La nuit juste avant les forêts malgré toute sa noirceur est sans
doute l’un des textes les plus contemporains des plus riches.