Simone Chambord plus connue sous le nom de Judith Magre fait partie des grandes actrices comme le fut Jeanne Moreau. Elle se tient droite contre le pilier dans sa tenue noire. Impeccablement maquillée à l'égyptienne - qui n'est pas sans rappeler l'américaine Agnes Moorehead -, ses yeux de chat qui nous hypnotisent, l'artiste infatigable interprète le monologue André.
Dans la petite salle du Théâtre de Poche-Montparnasse, la comédienne joue son propre rôle et se livre à la fratrie Notte (Pierre et sa soeur Marie). C'est au travers de cette discussion façon bord plateau que l'actrice se souvient et partage.
Ses rencontres avec les personnalités de son temps : Max Ernst, Aragon, Giacometti, Sartre et de Beauvoir, Céline, ses débuts sur les planches, sa légèreté... Les souvenirs ne sont pas organisés, la sensation pour le spectateur d'assister à une conversation totalement improvisée.
La grande dame de théâtre et la fratrie sont très complices, ils poussent la chansonnette ensemble, boivent et parlent ensemble comme des amis de toujours. Pierre Notte a déjà rencontré Judith Magre, ils ont joué ensemble par le passé.
Ce soir tantôt il l'accompagne au piano tantôt il joue les écrivains journalistes qu'est Minyana face à la grande star. Lorsqu'il est au piano, la petite soeur est au chant : Les Couteaux dans le dos, J'ai la mémoire qui flanche, You don't own me... Des classiques que Magre chantonne encore.
La pièce de Minyana est un pur moment de poésie, un moment de vie durant lequel l'amitié est célébrée au-delà d'un retour sur une carrière bien remplie. Elle le dit elle-même "Les bons souvenirs, c'est triste d'y repenser. Quant aux mauvais, inutile d'y penser à nouveau". Alors par le biais d'Une Actrice, célébrons l'existence, le jeu perpétuel.