Le seigneur des porcheries @MC93, le 08 Mai 2025

A roman fleuve, spectacle fleuve ! Le roman de Tristan Elgof se voit adapté pour une durée de 5 heures par la compagnie En Eaux troubles dans une mise en scène de Paul Balagué.

© Achile Bird

En résulte un spectacle total où se dessine une véritable fresque insurrectionnelle en résonnance très forte avec l'époque que nous traversons. Le décor n'est pas excessif mais profondément symbolique : des sacs poubelle, une bâche noire sur tout le sol de l'espace scénique et plus tard, c'est une forêt de tissus qui se dessine sous nos yeux qui prend son origine des cintres. L'imaginaire de la crasse et de l'odeur nauséabonde fonctionne à plein régime. 

Dans une première partie qui revient sur les origines de son protagoniste, la violence n'est jamais très loin. Verbale ou physique, elle existe. John Kaltenbrunner n'est pas un héros ordinaire ou du moins, l'ordinaire fait de lui un héros. Sombre sort que le sien. Si ce n'est pas lui qui raconte son histoire mais bien ses camarades de lutte, le récit est haletant, rythmé par des répliques aussi brutes que poétiques. 

L'ensemble des comédiens sont engagés dans des jeux énergiques voire carrément plus enragés dans la seconde partie. Ils occupent autant l'espace scénique que celui réservé aux spectateurs. A aucun moment vous ne vous sentirez sales. Peut-être simplement plus forts, plus confiants d'une certaine manière. Le propre du spectacle vivant c'est bien sa caractéristique première ; il est vivant.