© Christophe Raynaud de Lage |
Cette fois aux Bouffes du Nord, vingt-neuf ans après Chéreau, laissons-nous entraîner Dans la solitude des champs de coton.
« Deux
hommes qui se croisent n’ont pas d’autres choix que de se frapper avec la
violence de l’ennemi ou la douceur de la fraternité »
Casques sur les oreilles, c’est directement sur le
plateau que les spectateurs sont invités à se rendre. Ils peuplent l’espace
scénique, ils font office de décor, ils deviennent champs de coton. Guidés par
les voix d’Anne Alvaro et d’Audrey Bonnet qui s’échangent les premières tirades philosophiques dans la
pénombre. Puis progressivement, le public gagne les fauteuils.
Pourtant, l’originalité de cette mise en scène signée Roland Auzet se devait être plus
poussée. Le début du deal devait se dérouler dans la rue, en plein cœur du
quartier de La Chapelle. Etat d’urgence oblige, l’artiste ruse.
L’effet de déstabilisation est réussi, les voix
paraissent si éloignées, les silhouettes sont presque fantomatiques. Dealer et
client sont interprétés par des femmes. L’une a la voix grave, maîtrise la
situation, elle détient ce que l’autre désire tandis que la seconde est un peu
plus sauvage, animale qui se sentirait menacée. Elles se déplacent lentement,
leurs mouvements sont comme chorégraphiés dans l’opposition : quand l’une
avance, l’autre s’écarte, une séduction contradictoire.
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