© Pauline Roussille |
Le plateau est presque vide ; des chaises multicolores de type salle des fêtes sont empilées en retrait et un pupitre. On apprend que Marina s'apprête à prendre la parole, mener une conférence sur l'accueil des migrants. Cet altruisme, elle le revendiquera sans cesse en rappelant qu'Audrey dénigre l'altérité avec sa situation de critique. Lorsqu'elles évoquent l'enfance, ces sœurs semblent avoir été élevées dans leur détestation réciproque. Avec notamment, un père ethnologue qui les encourage à s'affronter, à se concurrencer ; la figure paternelle les a habitué à triompher individuellement. La natation comme point de départ.
Puis, les chaises finissent par envahir l'espace, comme si les souvenirs étaient désormais exposés à la vue de tous. Au milieu, elles se retrouvent le temps d'une chanson : Wonderful life. "No need to run and hide. It's a wonderful, wonderful life" (Pas besoin de courir et se cacher. C'est une vie merveilleuse, une vie merveilleuse) entend-on. On les surprend à danser en symétrie : leurs cheveux s'emmêlent, elles ne font qu'une. Pour à nouveau mieux se diviser.
Pascal Rambert met en scène un duel sans merci duquel aucune ne sortira victorieuse. Jamais elles ne se pardonneront, mais les liens du sang sont indéfectibles. Toute la force de ce texte repose sur l'alternance des petites phrases qui peuvent être prises de travers et des gros blocs massifs bien lourds que sont les souvenirs familiaux envenimés.
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