Kliniken @Théâtre de l'Odéon, le 12 Mai 2022

 
On avait beaucoup entendu parler de son adaptation de Pelléas et Mélissande présenté à l'Odéon en 2019 mais manque de temps oblige, pas possible de le mettre dans l'agenda. Premier spectacle de Julie Duclos pour nous avec Kliniken. La jeune metteuse en scène s'entoure de treize comédiens pour interpréter le texte du dramaturge suédois Lars Norén

Le plateau est un immense espace de vie d'un hôpital psychiatrique au carrelage blanc avec des portes battantes comme seules issues, une table, un écran de télévision, un canapé de cuir, des fauteuils affaissés, à travers une haute fenêtre, on observe une petite cour, une sorte d'espace jardin où l'air est sans doute plus respirable. Côté cour nettement séparé par une grande colonne, au premier plan un espace réservé aux patients fumeurs, un piano en retrait. 

C'est dans un quotidien sans grande péripétie que nous entraîne la petite dizaine de comédiens. Fous ? Marginaux ? On s'interroge sur leurs internements respectifs. Leurs pathologies invisibles nous touchent. 

C'est peut-être dans froideur clinique que l'on se réconcilie avec la chaleur de nos humanités faites de travers. Alexandra Gentil bouleverse dans son mal être qu'elle tente d'exprimer, Etienne Toqué embarrasse par sa vulgarité maladive autant qu'il arrache des rires, Manon Kneusé touche par son incapacité à vivre dans le silence, Yohan Lopez, Stéphanie MarcMathilde Incerti Formentin offrent des partitions sincères, Maxime Thébault brille dans son incarnation de Markus. Plus discrets, Mithkal Alzghair, Leïla Muse et Alix Riemer ne laissent pas sans reste. Côté personnel soignant, le duo Émilien Tessier et Cyril Metzger figent deux opposés mais au plus proche du réel. Le collectif réussit à offrir une représentation de qualité - malgré quelques longueurs et une scène finale qui gagnerait en puissance -, troublante de vérité, sensible. 

© Simon Gosselin


 


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