Les Innocents, Moi et l'Inconnue de la route départementale @Théâtre national de la Colline, le 06 Mars 2020


© Jean-Louis Fernandez
Quand nous avions vu le spectacle, on s'était dits qu'il fallait laisser décanter un peu. Il fallait digérer cette pièce très verbeuse. Après avoir pris le recul nécessaire, l'actualité est passée par là et a donné comme une nouvelle clé de lecture.

Les innocents, moi et l'inconnue de la route départementale est une pièce de l'autrichien Peter Handke profondément humaniste. Un homme "Moi" accueille le printemps sur une route départementale abandonnée. A la belle saison voilà que débarquent ceux que l'auteur nommera les Innocents - qu'on aurait tendance à juger comme étant les Inconscients - et l'Inconnue qui à l'arrivée de l'automne pointe le bout de son nez comme une lueur d'espoir. La départementale est à la croisée des humanités. C'est un peu notre chère planète Terre.

Jacques Gabel a reconstitué un tournant d'une route de campagne au bord de laquelle une petite cabane de fortune trouve sa place. La maison de "Moi". Ce dernier est interprété avec brio par Gilles Privat qui lui donne toute son épaisseur : plein de drôlerie et touchant. Les paroles sont belles, frôlent la poésie philosophique. Ce sont les monologues qui s'enchaînent plus que les dialogues. Quelques respirations en plus n'auraient point fait de mal. Le chef des Innocents - Pierre-François Garel - n'est pas dans l'opposition frontale avec Moi, ils débattent ensemble avec une complicité certaine. Dans la pénombre, lorsque les Innocents marchent pendant l'hiver, c'est un magnifique tableau qui s'offre aux spectateurs. Alain Françon a dicté à ses comédiens la rigueur et la justesse, ils se sont exécutés avec excellence. 


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