La Forteresse du Sourire @Théâtre de Gennevilliers, le 21 Novembre 2021

© Takashi Horikawa

Très belle affaire que cette Forteresse du Sourire du japonais Kurô Tanino qui a posé son sublime décor dans les murs du Théâtre de Gennevilliers à l'occasion de la 50ème édition du Festival d'Automne. 

Deux appartements mitoyens sur le port où la tempête gronde de temps à autre. Côté jardin, l'ambiance est bon vivant, une colocation improvisée de pêcheurs de plusieurs générations. Côté cour, c'est moins heureux, un père de famille qui vient en aide à sa mère atteinte d'Alzheimer, assisté par sa fille, une jeune adulte qui comprend progressivement que son père ne peut tout assurer seul mentalement. Les deux appartements sont séparés par une simple cloison, l'intégralité des personnages ne se croisera que sur le tard. 

La Forteresse du Sourire est une jolie fresque de ces fragments du quotidien qui ne reviendront pas - pour transformer légèrement la définition de la photographie que donnait Martine Franck -. Du théâtre réaliste qui ici se saisit du quotidien de ces gens éloignés, abandonnés. Si la colocation festive s'active autour de repas de fortune animés par leurs rires devant les programmes télévisés - dont le moment clé ; l'horoscope devient un véritable rituel -, la famille est aux petits soins de l'ancienne, vit un Keirō no hi (littéralement traduit par le jour du respect pour les personnes âgées, férié au Japon) qui s'étale sur plusieurs mois. A l'heure où la crise sanitaire se poursuit, le spectacle témoigne de cette difficulté de rencontrer l'autre. Les deux groupes ne se croiseront qu'une fois en l'espace de plusieurs mois de voisinage. Outre cette unique rencontre, ils ne feront que s'entendre entre deux portes. Kurô Tanino signe une création soignée aux décors parfaits ; du réalisme grandeur nature. Les comédiens nous emmènent avec eux avec leur sensibilité et une partition au plus juste.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire