Et pourtant j'aimerais bien te comprendre @Maison de la Culture du Japon, le 05 Novembre 2022

© Kengo Kawatsura

A peine entrés dans la salle de spectacle, les spectateurs sont accueillis par deux femmes de maison aux cheveux tressés et dressés comme une antenne. Le plateau fait penser à un spectacle de boulevard, un salon au décorum banal comme il en existe tant de l'autre côté de l'archipel. 

Un couple discute d'un peu tout et beaucoup de rien, les échanges tournent en rond et manquent cruellement de profondeur. Lui lambine sur une espèce de fatboy, elle est assise à table. Vient le moment où elle se décide à vouloir annoncer qu'elle est enceinte. Le fond du "problème" c'est qu'elle n'arrive pas à s'en réjouir. Et toute la réflexion féministe se met en branle grâce à la présence d'une tierce personne, une amie de la jeune maman en devenir.

Les apparences sont faites pour être trompées. Et la metteuse en scène tokyoïte Yuri Yamada les fait voler en un coup d'œil. Elle en profite pour remettre en question la société japonaise et les lourdes injonctions qui pèsent sur la gente féminine - l'auteure rappelle que dans un rapport du Forum économique mondial sur les inégalités hommes-femmes de 2021, le Japon est 120ème sur 153 -. Les convictions fortes sont présentes tout en laissant la juste place à la contradiction. Et c'est en basculant avec pertinence dans le registre du fantastique que la magie opère. Et pourtant j'aimerai bien te comprendre laisse imaginer une simple quête d'empathie. La dramaturge pousse jusqu'à créer de toute pièce l'empathie et ce, avec intelligence et succès. La troupe formée par Minami Ohba, Masayuki Yamamoto, Mayu Sakuma, Konomi Otake et Sachiko Aoyama porte un spectacle très fin, brillant dans son questionnement et efficace. 


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